Le paradoxe de l'ancestralité

 

résulte d'une illusion anthropocentriste

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Etienne Klein oppose très souvent dans ses conférences le fameux paradoxe de l'ancestralité comme argument à l'encontre d'un lien privilégié entre le temps et la conscience. Bien que j'approuve en général ses brillantes analyses, il y a là un point de désaccord entre nous car à mon avis, ce paradoxe résulte d'une illusion anthropocentriste, qui semble oublier les nouvelles perspectives dégagées par la physique moderne sur la question du temps.

Ce paradoxe se résume ainsi:

<< Si le temps était lié à la conscience, comment expliquer le fait que des évènements aient pu avoir lieu avant l'apparition de la conscience, comme par exemple la naissance du soleil ? >>

On peut pourtant répondre à ce paradoxe de quatre manières:

(1) La première réponse d'ordre physique consiste à citer simplement Einstein et tous les physiciens contemporains spécialistes du temps, comme par exemple Thibault Damour ou Carlo Rovelli, qui nous disent pèle mèle:

Il n'y aurait donc pas lieu de soulever le moindre paradoxe, car la causalité requise par le paradoxe serait alors indépendante du temps, lequel ne serait pas nécessairement "créateur de la réalité".

(2) La deuxième réponse, qui affine la première, consiste à avancer comme c'est largement le cas aujourd'hui en physique que le temps serait un phénomène émergent et non une réalité physique fondamentale. Il n'y aurait alors pas lieu de soulever de paradoxe car notre espace-temps pourrait avoir été créé hors du temps. Si l'on considère de plus certaines théories, le passé pourrait beaucoup plus surement résulter du futur que l'inverse. D'après la double causalité (déterminisme inversé) ou encore le physicien Nielsen, les conditions initiales de notre univers au moment du big-bang pourraient tout simplement être réglées par une influence du futur - ou du présent - sur le passé.

(3) La troisième réponse consiste à faire tout simplement remarquer que le paradoxe repose sur la croyance selon laquelle la conscience serait le produit d'un cerveau. On voit effectivement mal dans ce cas où pourrait se trouver le cerveau du soleil ou encore des objets ayant été créés aux premiers instants de l'univers ! Il suffit d'abandonner cette croyance pour que le paradoxe tombe.

(4) La quatrième réponse, qui affine la troisième et qui est celle que je préfère (dans la mesure elle me semble être à la fois humble et conforme à ce que nous apprend la physique sur la réalité qui nous entoure): espace, temps et matière seraient des illusions produites par la conscience à partir d'un champ infiniment plus vaste d'informations.

Ainsi tout l'univers serait conscience et en particulier, notre planète la terre aurait une conscience, une affirmation que j'argumente avec force dans tout un chapitre de mon livre "Le pic de l'esprit" intitulé "La conscience de la terre".

La conscience de notre planète pourrait alors être située à deux niveaux de densité* au-dessus de la notre. C'est la terre qui en vivant dans une temporalité environ trois millions de fois dilatée par rapport à la notre (une respiration de la terre correspondrait à un an), créerait en fonction de son "humeur séculaire" notre destin futur collectif dont ne ne ferions qu'affiner les détails en le densifiant.

De la même façon, mais selon une perspective qui nous dépasse, notre galaxie et l'univers entier auraient des consciences qui seraient situées respectivement trois et quatre ou cinq niveaux de densité* au-dessus de la notre. Au niveau le plus élevé tout l'univers pourrait être embrassé par une seule et même conscience, dont nous faisons tous partie.

Pourquoi le grand public serait-il inapte à entendre ce genre de discours ?

* Un niveau de densité est lié à l'épaisseur du temps perçu par la conscience. On pourrait imaginer en effet l'existence de consciences - comme par exemple celle de la terre - qui percevraient en une année leur réalité exactement comme nous percevons en une seconde notre propre réalité. Cette notion d'épaisseur ou encore de densité de temps (ou d'information), qui chez l'homme est nécessairement supérieure à 20 millisecondes (correspondant à la fréquence du standard télévision), est oubliée par la physique au sein du paradigme qui postule que la conscience est le produit du cerveau. Elle est ainsi laissée (à mon avis à tort) aux neuroscientifiques.

Ci-dessus à droite, la terre et sa magnétosphère (son organe visuel)