D'après le film "L'amour dure 3 ans", nous serions profondément soumis à des lois biologiques lorsque nous tombons amoureux, et il s'ensuivrait plusieurs étapes mettant en oeuvre des processus biochimiques distincts, conduisant à l'extinction de l'amour au bout de 3 ans. Durant l'étape de la première année par exemple, nous serions totalement aveuglés par nos hormones. L'idée court qu'il serait ainsi scientifiquement prouvé que l'amour ne dure que 2 ou 3 ans. En faisant quelques recherches, on trouve effectivement des affirmations de scientifiques qui confirment ce point de vue: le sentiment amoureux modifierait l'activité cérébrale et libérerait certaines substances qui ramèneraient finalement ce sentiment à une véritable addiction. L'amour serait en quelque sorte un dérèglement biologique, et le mécanisme par lequel nous tombons amoureux serait inscrit dans nos gènes et servirait surtout à assurer la reproduction de l'espèce.

Je rassure tout de suite le lecteur amoureux, ou celui qui l'a été et pense que ce qu'il a vécu était bien plus authentique, sur le fait que ces affirmations ne sont que des bétises fondées sur de la pseudo science, ou disons de la science un peu trop zélée qui procède à des interprétations trop rapides. Car le fait qu'il existe des corrélations entre le sentiment amoureux (et surement aussi l'amour authentique) et la chimie qui opère dans notre cerveau ne signifie pas que cette chimie soit la cause de ce sentiment, puisqu'elle pourrait aussi bien en être l'effet. En réalité, les causes et les effets sont tellement complexes et indissociables dans cette affaire qu'il est impossible de les distinguer. Les vrais scientifiques qui travaillent sur des systèmes complexes connaissent bien ce genre de problématique. Il suffit de citer le débat sur le réchauffement climatique: on ne sait toujours pas à l'heure actuelle si c'est l'augmentation du CO2 dans l'atmosphère qui conduit au réchauffement, ou si c'est l'inverse (le CO2 stocké dans l'océan qui se dégage lorsque ce dernier se réchauffe).

Que dit la théorie de la double causalité au sujet de l'amour ? Tout d'abord, elle distingue la source intérieure d'amour authentique intimement liée au libre arbitre, de l'amour "matérialisé" qui nous vient de l'extérieur et qui peut être reçu comme un cadeau ou (re)donné autour de soi parce qu'on a un réservoir plein (chimiquement, matériellement, energétiquement, etc.). Il y a donc deux sortes d'amour à donner, celui de l'être intérieur qui correspond au don de soi, et celui de notre personne physique et mentale, controlée par l'ego, qui donne ce qu'elle possède: biens, physique, talents, énergie... Le premier amour, en tant que source pure ou lumière intérieure, rayonne instantanément en nous-mêmes, ce qui se traduit par de la joie, mais aussi hors du temps jusque dans notre futur où il engendre la formation des nuages de probabilités qui préparent la "pluie", car il est l'essence même du pouvoir de l'intention. Le second amour agit matériellement par l'intermédiaire de l'ego qui donne et qui reçoit. C'est lui qui bénéficie de l'amour-pluie qui se traduit par exemple par de la chance et par les aides d'autrui. L'ego en a besoin comme une plante a besoin d'eau. Mais contrairement à l'amour pur, celui là a tendance à nous conditionner, et si l'être intérieur ne parvient pas à controler l'ego il peut aller jusqu'à nous rendre esclave du plaisir qu'il procure. Mais il a une noble finalité: par le bonheur qu'il instaure, il permet à l'ego de se reconnecter à l'être intérieur, celui qui connaît le sens de notre vie et qui fait naître l'amour authentique par activation de notre libre arbitre.

Bien qu'elles soient opposées par la dualité liberté-conditionnement (ou opposition entre l'âme et la chimie), ces deux formes de l'amour sont indissociables, car on voit que finalement l'une génère l'autre. Mais c'est surtout leur pureté qui les différencie. L'amour-lumière-liberté-choix-âme-don de soi est toujours pur, car il est l'essence même de la vie et de son moteur, le libre arbitre. Quant à l'amour-matière-pluie-plaisir-chimie-cadeau reçu, il est tantôt pur, tantôt impur, tout dépend de ce qu'il a traversé, de la façon dont il est reçu et stocké, exactement comme de la pluie qui est tantôt potable, tantôt non potable, tout dépend de la façon dont on la récupère. On fait d'ailleurs souvent passer cet amour "mélangé" pour de l'amour authentique que l'on donne à autrui, jusqu'à ce qu'il perde trop de sa pureté à force d'être recyclé. Tout acte visant à recevoir en donnant du plaisir, conciemment ou non, fait intervenir cet amour là, y compris la relation sexuelle, c'est pourquoi elle s'estompe avec le temps. Tout acte conditionné, sans libre arbitre, ne peut indéfiniment user d'une réserve d'amour et la recycler pour qu'elle reste intacte, car elle a besoin d'être purifiée. Pour cela il préférable de la vider en donnant sans recevoir. A défaut de le faire, l'amour sans cesse pompé ou recyclé finit par ressembler à de la vraie monnaie ou faux amour.

Vous l'aurez compris, l'amour authentique est celui qui vient directement de la source et qui est créé par le libre arbitre, car la vraie liberté rend heureux et donne envie de donner. Il s'agit réellement d'un don de soi, car chaque choix authentique que nous faisons dans la vie représente ce que nous donnons à la vie, il exprime qui nous sommes et traduit le sens de notre existence, la raison pour laquelle nous nous sommes incarnés sur cette planète. Cet amour là oriente notre ligne temporelle car nous allons toujours vers ce que nous aimons, hors conditionnement bien sur. L'autre amour, celui que l'on reçoit ou que l'on puise dans la réserve pour le donner, est de la même origine mais il a souvent été tellement transformé ou mélangé qu'on finit par ne plus le reconnaître.

Comment savoir alors que l'on donne bien de l'amour authentique au lieu de puiser dans la réserve ?

L'amour authentique est inépuisable, il est ressenti comme de la lumière intérieure et nous fait éprouver une irrésistible envie de donner, mais le problème est qu'il est rarement là (pour un être normal). Aussi, soyons réalistes, il ne faut pas éprouver de gène à puiser sur sa réserve, que l'on appelle couramment son énergie (vitalité, envies, etc.). L'amour "réserve" est limité mais il est présent bien plus souvent et on ne peut donc pas s'en passer. Le seul problème est que c'est nécessairement à travers l'ego (notre machine) que l'amour est puisé sur la réserve. L'amour que l'on donne n'est donc en théorie appréciable (pur) que si l'ego agit en service commandé par l'être intérieur, sinon il y a conditionnement. Mais le moment de la commande et celui de la livraison (le geste d'amour) sont généralement distincts (tout comme T1 et T2 dans ma page sur l'intention ici), et c'est de là que vient toute la délicatesse du geste d'amour: sachez donc pardonner à l'ego d'agir sans que l'on voit que c'est au nom de son maître intérieur, car ce dernier n'est pas toujours là, mais il a peut-être bien fait la commande. Pour savoir quand il est là, cherchez à reconnaître la lumière intérieure de l'être qui vous donne, vous pouvez déjà la détecter dans son sourire (Réf: Dialogues avec l'Ange de Gitta Mallascz), et même si elle ne se voit pas, acceptez le geste, car il est peut-être en service commandé en bonne et due forme.

Que se passe-t-il maintenant lorsque l'on tombe amoureux ?

Celui qui tombe amoureux entre dans une relation qui va de toute évidence changer sa vie, surtout si l'amour est réciproque, or ce simple fait bascule déjà sa ligne temporelle, puisque le futur est déjà là, bien que dans ce cas précis il soit particulièrement fluctuant. Il se retrouve donc avec une vie future en état d'instabilité totale, ce qui a le grand avantage de réactiver son libre arbitre. En effet, ce libre arbitre n'est pas seulement rendu possible par l'amour que l'on reçoit, il est surtout réactivé par les risques que l'on prend, car ces risques nous font quitter notre ligne temporelle de conditionnement pour une autre, non encore conditionnée car incertaine et mouvante. Il s'ensuit une activation du libre arbitre qui génère de l'amour authentique (c'est pourquoi la liberté rend heureux), lequel est alors automatiquement transféré sur la personne aimée. Cette activation se traduit par la possibilité de transformer sa vie par un véritable saut dans le vide. Devant un tel potentiel de choix où l'amoureux se retrouve relié à la véritable source d'amour, il n'a que faire de savoir où il va car la confiance générée par cet amour dépasse les résistances de l'ego qui accepte de basculer, grace aux gratifications qu'il reçoit: l'ego peut même devenir un clochard, d'où le coté parfois ridicule de l'amoureux. Il est donc tout à fait possible de tomber authentiquement amoureux d'autrui, sans que la chimie ne soit une cause mais plutôt un effet de l'amour authentique. Mieux encore, lorsque ce processus est à double sens et que deux vies basculent, l'amour devient d'autant plus pur que les deux êtres concernés ignorent - et se contrefichent de - ce qu'il va advenir de leur relation, voire même de savoir si elle est matériellement possible. Là encore, la chimie est à la traine (effet et non cause) et il me semble niais de ramener systématiquement cette question dans le domaine de la chimie ou de la sexualité. Ou alors, je suspecte une pauvreté du vécu de celui ou celle qui persiste.

Durant la période d'instabilité émotionnelle qui caractérise la première année de la relation, des synchronicités peuvent se produire. Elles témoignent du fait que le futur se structure déjà en fonction du nouveau couple. Il faut alors les accueillir comme une réponse favorable de l'univers, mais elles ne signifient pas que la relation va durer. Elles signifient seulement que cette relation dégage beaucoup d'amour et/ou qu'elle change la vie des deux partenaires dans un sens très fluide et donc très probablement positif (évolutif pour l'univers), mais il n'y a pas lieu de leur chercher d'autre signification. Il faut les vivre au temps présent comme un signe que ce qu'on fait est important pour l'univers, et comme un encouragement à agir le plus spontanément possible en orientant ses choix selon ses intuitions... mais attention: sans précipitation.

Car la suite de la relation va dépendre de la question de savoir si nos deux amoureux laissent le temps à l'univers de restabiliser leurs lignes temporelles, ou si au contraire ils s'occupent eux-mêmes de la planification de leur futur. S'ils le font dans la précipitation, il y a un risque que leur futur ne corresponde pas à leurs intentions. Leur amour aura en effet commencé à créer ce futur, en creusant des voies rétrocausales qui sont là pour apporter automatiquement la solution aux problèmes matériels que pose leur vie conjugale. Mais le fait de creuser trop vite des voies causales (planifiées) risque d'engager le couple sur des chemins inadaptés tout en chamboulant les chemins adaptés qui sont progressivement formés par l'univers. Le risque de la relation peut même dégénérer en amour illusoire s'il devient calculé, car dans ce dernier cas l'un des deux êtres (ou les deux) pallie à ce risque en restabilisant trop vite sa ligne temporelle. Il visualise comment, matériellement, il va réorganiser sa vie en fonction de l'autre, et tend à lui imposer cette réorganisation. Or ceci est non seulement préjudiciable à la relation, mais surtout, et bien souvent, trop rapide. Car la rapidité excessive est suspecte d'un conditionnement qui se maquille en spontanéité. Voila comment un amour authentique entre deux êtres finit par devenir une relation qui ne peut pas durer.

La meilleure façon de rendre durable une relation est donc de laisser faire les choses de la façon la plus naturelle et spontanée possible, de laisser l'univers agir, de laisser le temps au temps et d'être patient quant aux questions matérielles qui concernent la vie commune. La patience doit être entretenue par le détachement, lequel consiste à préserver la liberté de chacun, qui est d'ailleurs essentielle à l'amour. Le détachement est fondamental aussi longtemps que l'attachement tend à imposer des situations. Le détachement est souvent mal compris, alors qu'il est pourtant l'allié du désir de s'attacher, car ce désir a l'effet inverse. Il importe donc de lutter contre ce désir aussi longtemps qu'il existe, c'est à dire jusqu'à ce que l'attachement devienne une évidence, un simple constat, un point c'est tout. Les deux amoureux constateront alors qu'ils ont fait un choix de vie l'un avec l'autre, et ils remarqueront que c'est uniquement ce choix qui préserve durablement leur amour. Celui qui veut s'attacher trop vite a mieux à faire en démontrant à l'autre qu'il peut faire sa vie et être heureux sans lui ou sans elle. Dans ce cas l'autre constate une preuve d'amour, qui est celle d'un choix de vie authentique de vivre ensemble.

Par exemple, comme dans cette conversation, sur le ton du sourire:

<< Tu as remarqué que ça fait un bail qu'on est ensemble ! >>

<< Oui, et d'ailleurs je me suis posé la question: quand-est-ce que tu me quittes ? >>

<< Tiens c'est amusant, moi aussi je me suis posé exactement la même. >>

<< Et alors ? >>

<< Eh bien, j'ai une possibilité de vie très cool sans toi mais... je me retiens. >>

<< Ah bon, mais si tu veux, tu sais, on peut se quitter, je ne veux pas être ce qui te retiens. >>

<< Oui, merci de me le proposer, mais je ne crois pas que ça m'aide. En fait c'est toi qui tu me retires l'envie. >>

<< Ah, je vois ce que tu veux dire. Figure toi que pour moi aussi, tu es un problème. >>

<< Quoi ! toi aussi ! Mais tu peux partir quand tu veux, je ne te retiens pas, tu as ta vie. >>

<< Oui mais le problème est que je ne veux pas, car je suis trop bien avec toi. >>

<< Ah ! bon sang, et bien voila, on a le même souci, mon amour. >>

<< Tu crois que ça peut s'arranger ? >>

+ franche rigolade...

Il suffit d'avoir cette conversation dans la troisième année, et le tour est joué...

Moralité: l'amour dure donc aussi longtemps qu'on veut, sauf s'il s'agit d'un conditionnement. J'en ai vécu un d'ailleurs (amour purement conditionné par le sexe) et comme par hasard, il a duré 3 ans... mais il n'y a pas de hasard, y compris en matière de pure causalité.

Pour conclure, je m'inquiète de l'effet de la croyance biochimique "L'amour dure 3 ans" et de tout ce qu'elle implique sur la vie de ses adeptes, d'autant que les croyances ont pour effet de favoriser les évènements qui les confirment, la peur en premier. Dur pour ces adeptes donc, mais on ne va pas quand-même rentrer dans la compassion pour eux, tout de même. Car celui ou celle qui adopte une telle croyance ont peut-être besoin de souffrir, et il ne faut pas les priver de leur méthode pour alléger leurs souffrances... tout en les programmant ! Or par cette affirmation sur l'amour, il semble bien qu'une méthode pour les alléger soit cette croyance qu'un homme ou qu'une femme averti(e) en vaut... 2 ? donc 4 ? Ah, tiens donc, déjà de nouveaux partenaires !