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L'auteur de la Route du Temps

Philippe Guillemant sur la Route du Temps

Philippe Guillemant
La Route du Temps

... ou comment un chercheur du CNRS en est-il arrivé à écrire un livre sur la synchronicité ?

(Réponse mise à jour sur ce nouveau site)

Voila une question que l'on me pose souvent et à laquelle je répond sur cette page, ainsi que dans cette

Interview de la revue Nexus publié dans son dossier sur la synchronicité de mars-avril 2012

Tout d'abord, je précise que cette question est fondée sur le fait suivant: bien que de nombreux physiciens et pas des moindres (comme le prix Nobel de Physique Wolfgang Pauli) se soient fortement intéressés à la synchronicité, et bien que ce phénomène relève effectivement de la physique, puisqu'il s'agit de comprendre comment se forment sans aucune cause apparente d'étranges corrélations entre trajectoires purement mécaniques d'objets ou d'humains, il ne fait l'objet d'aucune recherche officielle en France, à ma connaissance et à ce jour dans un laboratoire de physique. Il est en fait rangé d'office dans le fourre tout du paranormal où l'on peut pourtant raisonnablement suspecter que la science ait laissé s'enterrer quelques pépites, perdues dans un mélange inextricable d'idées farfelues. Mais la censure pudique et spécifiquement française qui entoure la parapsychologie fait soigneusement éviter ce sujet délicat par tous les chercheurs en fonction à quelques rares exceptions près, dont moi-même.

Il faut reconnaître toutefois qu'il est difficile d'approcher ce phénomène par des moyens autres que statistiques et non physiques (fondés sur des témoignages). L'un de mes objectifs de chercheur est de trouver un moyen physique de l'approcher, ce qui nécessite probablement la mise en évidence de l'indéterminisme macroscopique, qui pour l'instant ne fait qu'être "intuité" par de nombreux collègues et moi-même, d'où la difficulté.

Je résume mon parcours professionnel: j'ai une double formation d'ingénieur de l'Ecole Centrale Paris et de physicien du rayonnement par mon Doctorat. Je suis ingénieur de recherche au CNRS et habilité à diriger des recherches. Mon centre d'intérêt est l'étude des systèmes dynamiques complexes et plus particulièrement chaotiques. C'est en développant des outils pour leur analyse que j'ai été conduit dans ma carrière à faire principalement de la recherche technologique en vision artificielle, spécialité dans laquelle j'ai dirigé plusieurs thèses de Doctorat. Mais qu'est-ce que la vision artificielle ? En bref, il s'agit de concevoir le système visuel des cerveaux qui équiperont les robots de demain, industriels et humanoïdes. Mes travaux dans ce domaine ont abouti à la création de plusieurs entreprises innovantes dans les domaines médical et industriel (Synapsys et Uratek) qui sont aujourd'hui toujours en croissance et créatrices d'emplois, c'est d'ailleurs la principale raison pour laquelle j'ai reçu plusieurs distinctions, notamment le Cristal du CNRS.

Pour plus d'infos, on trouvera ici mon CV et mes publications et ici mon thème de recherche au laboratoire IUSTI de Polytech' Marseille (CNRS): la dynamique de l'information dans les systèmes chaotiques (équipe ICSD).

Mon intérêt pour le phénomène de synchronicité date de la fin des années 70, où en m'orientant vers une carrière d'ingénieur physicien, j'ai été fasciné par le rapport possible entre ce phénomène, vécu personnellement en 1976, et certains paradoxes de la physique moderne (EPR en particulier). Une telle fascination avait bien plus tôt envahi l'illustre physicien et prix Nobel Wolfgang Pauli, ce dont témoigne sa correspondance avec Jung, le "père" de la synchronicité. Encore étudiant à cette époque, j'ai choisi en 1981, orienté secrètement par l'idée de travailler un jour sur la compréhension du phénomène de synchronicité, de me spécialiser en physique des particules à l'Ecole Centrale de Paris. Or c'est juste à ce moment là que l'équipe du physicien français Alain Aspect réalise une expérience marquante, car elle joue un rôle majeur dans l'interprétation de la mécanique quantique, en apportant la preuve de son indéterminisme (ses équations sont déterministes, mais la réduction de la fonction d'onde ne l'est pas) et du rôle apparemment fondamental du "vrai hasard". Cette expérience exclut en effet l'intervention de variables cachées dans l'indéterminisme du "hasard" quantique, et ouvre la porte à d'autres interprétations, comme la non localité ou l'intervention de dimensions supplémentaires. Pauli avait donc raison contre Einstein: L'expérience d'Aspect démontrait que Dieu semblait réellement jouer aux dés. Par conséquent, la physique aurait à résoudre dans les décennies à venir la fascinante question du hasard qu'elle avait ainsi introduit sans en comprendre l'origine ! Un fabuleux défi pour un jeune physicien...

Captivé par ce résultat fondamental d'une expérimentation très technique, je me demande alors si l'indéterminisme qui règne à l'échelle microscopique ne pourrait pas être quelque part relayé, amplifié et observé à l'échelle macroscopique, moyennant un appareillage adéquat. Cette idée constante entretient chez moi le rève d'inventer une instrumentation capable de déceler et de mettre en évidence cet indéterminisme macroscopique - sous forme d'évènement décorrélé de toute cause - pour identifier ce qui pourrait le déterminer au delà de la causalité. Il s'agit bien de rechercher ce qui pourrait influer sur un "choix par hasard" très improbable de la nature (conscience? observation? futur? ) en identifiant d'éventuelles corrélations non causales. Le développement d'une telle instrumentation passant nécessairement par la maîtrise des techniques de traitement du signal, je choisis alors d'effectuer mes premières "classes" sur le tas, en apprenant à développer dès 1983 des appareils de mesure électroniques et microinformatiques très sensibles, à l'Institut de Physique du Globe de Paris: je m'y consacre à la réalisation de systèmes de détection de "signes" avant-coureurs de ces phénomènes très macroscopiques que sont les séismes et les éruptions volcaniques.

En 1986, fort de cette expérience, je rentre au CNRS à Marseille (Institut IUSTI de l'Université de Provence) où je passe de l'analyse des signaux à celle des images et réalise mes premiers systèmes de détection à base de caméras CCD intelligentes. Séduit par ce nouveau type de caméras, dont la sensibilité parvient à descendre à l'échelle photonique, je me lance dans une thèse de doctorat en physique du rayonnement, où je simule des échanges radiatifs dans un système macroscopique. C'est là que je m'initie en 1988 à la physique statistique et constate l'étrangeté de ses conclusions, telle qu'une interdiction empirique de renverser le temps, ainsi que l'imprévisibilité inhérente aux phénomènes chaotiques. Ce chaos semblant un moyen de faire émerger le fameux indéterminisme recherché, je développe en 1991 de nouvelles méthodes d'analyse d'image adaptées à la caractérisation de fluides faisant l'objet du chaos. Or ces méthodes, que j'ambitionne au départ d'appliquer pour mettre en évidence l'indéterminisme, s'avèrent rapidement interesser des applications beaucoup plus concrètes, en détection des fumées puis en analyse des mouvements des yeux. Mes travaux aboutissent ainsi à la création de la société Synapsys, et la mise au point des applications correspondantes, socialement plus valorisante, occupe donc l'essentiel de mon temps jusqu'en 1995.

Revenant enfin à mon projet initial, je me spécialise alors dans les méthodes d'analyse issues de la théorie du chaos, ce qui m'amène à inventer en 1997 la méthode du plongement fractal, qui a l'intérêt de permettre l'extraction de corrélations très fines dans les signaux et images extraites de systèmes dynamiques complexes (fumées, cellules, cerveau, système visuel humain.. ). Je projette alors la réalisation d'un "fractomètre imageur", capable de mettre en évidence ces corrélations, et donc de faire enfin émerger "l'objet du fantasme", mais le fort potentiel innovant de la méthode du plongement fractal pour la vision artificielle m'amène à créer une nouvelle société (Uratek) pour valoriser mes résultats de recherche. Et c'est ainsi qu'à partir des années 2000, après avoir soutenu mon habilitation à diriger des recherches, je me consacre à nouveau et presque exclusivement à l'innovation technologique, en liaison avec Uratek qui obtient un contrat avec le CNRS.

Après tout, la vision artificielle étant une branche de l'intelligence artificielle, pourquoi ne pas espérer par ce biais, toucher un jour du doigt le mécanisme qui pourrait transformer un système intelligent, comme un robot humanoïde, en un système faisant le choix fatidique ? Une sorte de système doué de libre arbitre !

Autant vouloir se mettre le doigt dans l'oeil jusqu'à...

Et c'est donc le besoin de revenir plus efficacement à ma passion initiale qui m'amène en 2006, à remettre en question ma stratégie purement technique pour parvenir enfin à m'y consacrer. Pourquoi développer sans cesse de nouveaux instruments si, pour mieux justifier une fonction de chercheur, on les utilise à tout autre chose que l'objet de sa passion. Ne vaudrait-il pas mieux approcher cet objet là différemment ? Oui mais que faire ?

Ne vaudrait-il pas mieux déjà, essayer de coucher sur le papier, ne serait-ce que pour les clarifier, les idées qu'on a sur l'explication possible du phénomène de synchronicité ? Mais cela reviendrait, en cas de succès, à écrire un livre, or le succès étant une hypothèse obligatoire de départ, cette entreprise allait s'avérer incontournable... Mais elle était très audacieuse, surtout pour un premier livre. Pourquoi me risquer à me marginaliser dans la métaphysique, alors que la voie technologique était beaucoup plus discrète et astucieuse ? Pour compenser le coté trop métaphysique du contenu de ce projet de livre, en évitant l'écueil de prétentions risquant de déranger les gardiens du temple de la science, il me fallait trouver une issue...

J'ai trouvé cette issue comme par enchantement durant l'été 2006: d'une part, faire moi-même une expérience initiatique du phénomène des synchronicités, en les provoquant littéralement, puisque d'après une encore bien vague "Théorie de la Double Causalité" en gestation, cela devait être possible; et d'autre part, relater ensuite cette expérience à travers la description romancée des aventures correspondantes, en même temps que des mécanismes "vulgarisés" de ma théorie, tout cela s'est finalement imposé comme étant un choix stratégique...

Et cela a marché ! Ce fut très surprenant, car l'expérience a vraiment donné des résultats incroyables, me conduisant ensuite à proposer les bases d'un véritable pont entre la science et la spiritualité...

C'est ainsi que trois ans plus tard, en 2009, après un travail de rédaction de neuf mois, le livre "La Route du Temps" est né.